Rater ma mort, c'était ma renaissance.
Moi, Dawn Sonen, fille unique de humbles parents fleuristes, n'avait jamais songé auparavant à mourir si jeune. Rien ne semblait pourtant y prédisposer: je n'avais jamais manqué de rien, plutôt curieuse dans mon enfance. J'étais la mignonne princesse pour mes parents, élève intelligente et petit rayon de soleil dans la vie de mon entourage. Je vouais une admiration sans faille au monde sous-marin. Les poissons, les hippocampes, les cétacés et autres merveilles de la nature me rendaient folle de joie. Le fait de les contempler m'apaisait et parfois, je m'imaginais me transformer en sirène pour les rejoindre et nager à leurs côtés. Ce que les enfants pouvaient être débordants d'imagination. Alors que je grandissais, toujours dans l'innocence de ma jeunesse, je déménageais plusieurs fois avec mes parents. Tantôt en campagne, tantôt en ville, ils étaient toujours indécis sur le lieu de résidence. J'étais de constitution fragile, alors les voyages me rendaient souvent malade. Et je ne me faisais pas beaucoup d'amis. Forcément, à force de changer d'endroit, j'avais du mal à tisser des liens. Alors imaginez quand j'entrai au lycée, la période à laquelle mes parents avaient décidé de ne plus déménager, leur magasin de fleurs rencontrant un grand succès. Je souffrai de la solitude qui me gagnait. Timide, peu sociable, les regards divers et variés des autres me faisaient peur. J'étais vite devenue dépressive. Je n'avais personne à qui me raccrocher, personne avec qui m'amuser, personne à qui me confesser. Et l'adolescence étant la période ingrate, je n'en parlais jamais à mes parents. J'enchaînais les mauvaises notes. Mon coeur battait pour un autre, le coup classique de toute lycéenne solitaire. Ce garçon était populaire, beau, sportif, et un vrai aimant à filles. J'étais instable. Mes yeux ne tournaient qu'autour de lui, ça se voyait tellement bien que je me pris des remarques désobligeantes des autres. Mais moi je ne comprenais pas la raison de ces railleries. Etait-ce parce que j'étais seule en permanence ? Je n'étais pas laide quand même, quelques garçons m'abordaient tout de même. J'avais la réputation d'être froide car peureuse de l'amour. Même quand je me rendais compte que j'observais de trop près ce garçon de mes rêves, je paniquais et m'enfuyais comme si j'avais fait une bêtise. J'avais mal, si mal. Une boule au ventre, la tête dans les méandres de l'Enfer. Le regard des autres était dur, si dur. L'Enfer en fait, c'était les autres. Pas soi-même. C'était à cause de ça que l'idée de la mort ne m'était que plus douce. Ce serait aussi facile de mourir. J'avais peur de la douleur, je devais l'avouer. Mais ne fallait-il pas souffrir pour retrouver la paix ? Loin de tout, loin de vous. Alors un jour, je sautai. Ce jour-là, je n'avais pensé à rien d'autre que l'image de mon cadavre sur le sol terreux du jardin. Ma chambre était relativement haute, au dernier étage de l'appartement de mes parents. J'avais eu une seconde d'hésitation. Rien qu'une seule. Et j'avais fait le saut de l'ange. Et puis plus rien. Je m'étais pensée morte, comme je l'avais prévu. Quand j'ouvris mes yeux, je vis une silhouette équine. Des flammes bleues, des yeux curieux me scrutant. Une sorte de cheval m'avait sauvée la vie, sans que je ne le sache. Je fis ma toute première rencontre avec futur compagnon d'aventures, Olympe. Quand j'ouvris mes yeux une seconde fois, j'étais à l'hôpital, le vague souvenir de ce Ponyta hantant mes pensées. Suite à ma tentative de suicide, mes parents décidèrent de m'interner dans un hôpital psychiatrique le temps que je redresse la barre. Durant cette période, je repris goût à la vie, surtout grâce à Olympe. Les Pokémons étaient entrés d'un coup dans notre vie, et égayaient notre quotidien. Je vouais un amour inconditionné pour eux. Mon Ponyta m'était précieux. Il ne me quittait jamais. J'avais une vie bien plus rose à ses côtés. J'appris à sourire avec lui. A apprécier le monde qui m'entourait. Et à ma sortie d'internat, je me dévouai à la cause des Pokémons. Je travaillai d'arrache-pied pour décrocher un tout récent diplôme d'éleveuse Pokémon, puis je m'installai seule à la pension Sequoia, coupant le cordon entre mes parents et moi. Rater ma mort, c'était ma renaissance. Ce que la chenille appelait la mort, le papillon l'appelait renaissance.