Au cours de ma vie, j'me suis toujours sentie délaissée, j'étais très entourée, pourtant si seule.  J'avais cet impression étrange, d'être la roue de secours, qu'on m'appréciait à ma juste valeur, uniquement quand j'étais toute seule, ou du moins, quand nous n'étions pas plusieurs, vous voyez ? Mais tout était différent, à une époque. Mais ça, c'était avant.  

Lakeshore. Petite ville calme perdue au milieu de la Californie. Ou devrais-je dire, un village, parce que faut pas se mentir, c'était pas très grand, c'était une petite ville qui respirait la joie de vivre, mais pas autant que moi. J'étais une petite fille hyperactive, et capricieuse. Surtout capricieuse, mais j'aimais mes parents, puis, ils me le rendaient bien. Enfin, sauf quand Faith est née. Faith ? C'est ma petite soeur, j'en étais jalouse, une fois de plus, j'me sentais seule. Pourtant je l'aimais plus que tout, c'est vrai, c'est pas de sa faute à elle, si elle est là, c'était mes parents surtout, ils n'avaient qu'à pas coucher ensemble eux aussi..

L'avantage d'habiter dans une ville comme Lakeshore, c'est que tout le monde connaissait tout le monde. Vous savez, parfois il y a la guerre des voisins, et bien chez nous, c'était tout le contraire. Mes voisins avaient à peu près le même âge que moi, et nous sommes arrivées ici quasiment en même temps, normal que ça crée des liens. Quand nos parents se lient d'amitié, nous sommes censés faire de même. Et c'est ce que nous avons fait. Nous voilà, un sacré trio quand même. Hunter, Elyon & Thalia against the world. On s'était juré sur le petit doigt que rien ne nous séparerait, qu'on serait amis pour la vie. Qu'est ce qu'on peut être naïf quand on a 5 ans, vous ne croyez pas ?

Et pourtant. Nous étions comme les 5 doigts de la main, même si nous étions 3. Être avec eux, c'est comme être coupé du monde, tout ça tout ça. C'est comme si on était enfermé dans une bulle, et qu'au final, il n'y avait rien autours. J'sais aussi que quand nous sommes 2 filles pour un garçon, il se peut qu'il y ait des tensions.. On est d'accord, qu'une amitié fille-garçon, théoriquement, c'est chiant. Mais imaginez, 2 filles et un garçon ? Le gars aura toujours plus d'affinité avec une, c'est toujours comme ça que ça se passe, et j'en étais jalouse. Carrément, ouais. Jalouse de ma meilleure amie. ça devrait être moi qui aurait du avoir plus d'affinité, c'est moi la leader non ? Celle qui mène la danse, qui entraine tout le monde dans des histoires farfelues.. Et au final ? J'me sens délaissée.  Ils allaient s'en appercevoir tôt ou tard de toute manière que quelque chose n'allait pas. Mais allaient-ils réagir ?

Et puis là.. C'est le genre de souvenir que j'aime pas aborder. Mais alors pas du tout. Mais puisqu'il le faut.. Je me souviens, nous étions à l'université Elyon, Hunter & moi, et.. nous ne devions pas rentrer tout de suite. Comme à notre habitude, nous étions tous les 3 un soir, et j'ai reçu un sms de ma mère ce soir là. Le genre de message qui vous hantera toute votre vie, si vous êtes aussi fragile psychologiquement que moi. Ce message disait.. " Thalia, il faut que tu rentres. Rentrez, tous les trois. Ta soeur est à l'hôpital. Richard aussi. " Mais rien de plus. Et pourtant, il en disait long. Alors nous sommes rentrés, en train, en pleine nuit, et nous avons marché lentement vers l'hôpital, main dans la main. C'était comme pour se donner du courage, le courage d'affronter ce qui allait suivre. Je me souviens, que c'était Hunter qui parlait à l'accueil, il faut dire qu'entre Elyon & moi, il n'y aurait aucun son qui sortirait de nos bouches. Nous sommes sortis de l'ascenseur, et ma mère a couru vers moi. Elle pleurait. C'était la première fois que j'la voyais pleurer. Vous savez ce que c'est de voir vos parents pleurer ? C'est dur. La logique veut que ce soit vos parents qui vous consolent, pas l'inverse. C'est à vos parents de mourir avant vous, pas l'inverse.. Pourtant je venais de perdre ma petite soeur ce soir là.  Et c'était le néant. Le vide instantané.

Tout ce que je sais, c'est qu'à partir de là, tout est allé si vite.  Ma haine pour Elyon qui s'est décuplée. Mon envie de tout détruire dans sa vie, encore plus qu'elle l'est. Pauvre Elyon.. Vous savez qu'elle a perdu ses parents ? Pour ça aussi je l'envie. Pas parce qu'elle a perdu ses parents, non. Juste parce qu'elle a trouvé la force d'avancer. Elle, elle a juste eu l'impression de se recevoir un tracteur dans la gueule, personnellement à sa place, j'aurais eu l'impression de me prendre l’exploitation agricole tout entière.. Alors, j'ai tout fais pour lui enlever le peu d'espoir, le peu de soutien qui lui restait. Hunter. Hunter & moi, je sais pas où ça mènera. Mais je sais qu'il est toujours attiré par Elyon. C'est comme si.. comme s'il était avec moi, juste, pour que j'arrête d'être méchante. Du style " voilà maintenant que tu as ce que tu veux, arrête d'être méchante, soit la gentille Thalia qu'on a connu quand on avait 5 ans blablabla " Mais je sais pas.. Il y aura toujours cette sensation qui se trouve en moi. Cette douleur, dans ma poitrine, juste là, à cet endroit, ce machin qui me sert de coeur..

Puis, il y a eu cette tempête, cet apocalypse. Plus ou moins. Les pokémons sont entrés dans nos vies et.. Rassurez-moi, vous n'avez rien contre les pokémons, hein ? Enfin, ils sont entrés dans nos vies, puis Aegis est entré dans la mienne. Il était tout mignon, avec sa petit feuille qu'il machouillait, et puis, j'ai compris, qu'il allait faire parti de ma vie pour toujours. C'était une version alien de moi-même. Le même tempérament, tout ça, et puis là tout s'est enchainé. Les groupes, comme si, l'arrivée des pokémons avait créer des clans à Lakeshore, et partout dans le monde. Mais peut-être que c'est mieux ainsi. Vous savez, j'ai rencontré des gens, des gens très sympa, des gens incompris, comme moi. Je sais enfin ce que veut dire le mot amitié, désormais. Eux, ne me laisseront pas tomber, oh grand jamais.  Je me souviens qu'un garçon, de mon âge, ou un peu plus jeune est venu me voir, et il m'a dit " Nous sommes désormais une famille, maintenant. Et je te promets que je ne permettrais à rien ni personne de te faire de mal. Nous, on ne te laissera jamais tomber. " Et vous savez quoi le pire ? C'est que je l'ai cru.