-Bonjours les enfants! De quoi voulez vous parlez aujourd'hui? Qu'est-ce qui dans l'actualité vous a intéressé?
-Les Pokemons!

Durant la totalité des mois qui ont suivi l'apparition des pokemons, voilà tout ce dont mes élèves voulaient parler en 2010. Il faut dire que quand vous faites un remplacement avec des gosses de six ans, faut pas s'attendre à des sujets très passionnants... mais ils auraient au moins pu varier de temps en temps ces petits bâtards! En parler un jours sur deux ça les aurait pas tuer!
Est-ce si difficile de dessiner autre chose que les pokemons? De ne pas jouer à en être un à la récréation? De ne pas savoir écrire le mot "pokemon" avant même de savoir écrire son prénom (et quand je dis "pokemon" je parle aussi de tous les noms de sous-espèces qu'il peut y avoir!)?
Enfin bref, je vous raconte cela pour que vous compreniez que, vu que les pokemons était LE sujet de discussion des gosses,que j'entendais parler d'eux toute le journée, et bien finalement dès qu'à la télévision on commençait à en parler, même si c'était aux info, j'éteignait le téléviseur. Et c'est pour cela que finalement j'ai pris un certain temps avant de m'y intéresser. Je ne savais que peu de choses de ces petites bêtes et je ne m'en portait pas plus mal.
Lorsque le professeur titulaire que je remplaçais a repris sa place, (dépression vaincue youpi!) je dois vous avouer que j'étais soulagé. J'allais enfin avoir la paix! (enfin oui on n'allait plus me parler de pokemons, mais d'un autre côté je me retrouvais sans boulot, donc sans salaire, donc sans argent, donc... enfin bon ça c'est une autre histoire)
En quittant ce boulot, je m'étais promis deux choses : premièrement de ne plus jamais m'occuper de gosses de maternelle, deuxièmement de ne plus entendre parler de ces petits monstres (je vais préciser que je parle des pokemons ... ça pourrait être mal vu sinon)

En rentrant chez moi (un petit appart minable, mais que j'aime quand même vu que j'ai pas le choix), sur le bord de la route j'ai aperçu un chien assez bizarre qui semblait boiter. Ami des animaux que je suis, je me suis donc garé sur le côté dans l'espoir que l'animal blessé me laisse l'emmener chez un vétérinaire.
Le temps que je fasse le tour de mon véhicule pour atteindre l'animal, le pauvre s'était évanouit. Sans trop réfléchir, ni prendre le temps de l'observer,je le pris délicatement,l'enveloppa dans une couverture que j'avais dans mon coffre, le posa sur le siège passager et roula dans la direction du vétérinaire le plus proche (ce qui équivaut à rouler en direction d'un centre ville).
J'ai attendu un bon quart d'heure dans la salle d'attente, seul avec un animal enroulé dans une couverture, tellement enroulé qu'on ne voyait plus que son museau.
Une fois que notre tour était arrivé, j'ai expliqué ma situation au vétérinaire. Ce dernier prit alors l'animal de mes bras pour le poser sur sa table d'examen. Il lui retira sa couverture, puis se tourna dans ma direction d'un air blasé avant de prononcer ces quelques mots :
"Ecoutez, moi les pokemons j'y connais pas encore grand chose... on a pas encore eu une formation là-dessus. Mais bon je vais le garder en observation cette nuit et faire ce que je peux pour lui. Mais je ne vous garantis pas du résultat. Et vous avez intérêt à venir le rechercher demain.
-Un pokemon? De quoi vous me parlez là? "

Voilà donc mon histoire, ou plutôt l'histoire de comment je me suis retrouvé à devoir m'occuper d'un evoli alors que seulement une heure plus tôt je m'étais promis de ne plus jamais entendre parlé des pokemons.
Comme vous pouvez vous y attendre, cette rencontre a totalement bouleversé ma vie. Je n'imaginerai plus ma vie sans Girl (c'est le nom que je lui ai donné car c'est une fille) même si je ne l'avouerai jamais de vive voix.
J'ai continué un certain temps à faire des remplacements dans les écoles, jusqu'au jour où je me suis rendu compte que je détestais ces petits monstres (je parle des gosses cette fois).
Après un certain nombre de petits boulots, j'ai enfin trouvé ma voie, et cette dernière c'est être éleveur pokemon. Comme quoi j'aurais peut-être dû les écouter davantage ces enfants de 6 ans de l'année 2010!