La seule raison pour laquelle il aimait Halloween, c’était pour les sucreries. Et ce, depuis toujours. Depuis qu’il était grand comme trois pommes, il était plus attiré par les bonbons colorés et divers que par les dizaines de costumes de super-héros que sa mère lui proposait. Une année, il avait même fait un caprice à sa mère pour prendre le costume de fée des bonbons plutôt que celui de fantôme.

Depuis, il avait grandis, mais pas changé. Evain n’était toujours pas un de ces types qui adorent se déguiser, ou se bourrer la gueule un peu plus que la veille parce que ce soir c’était un soir de fête. Non, vraiment, pour Evain, Halloween n’a aucune valeur, si ce n’est celle d’être le soir où il pouvait manger des bonbons jusqu’à en avoir mal au ventre presque autant que ses amis qui eux, souffraient bien plus souvent de l’abus d’alcool.

Sauf que ce soir, de toutes manières, il n’avait pas à se trouver un costume foireux, pour se rendre à une soirée tout aussi foireuse que ce dernier, qu’un ami lui aurait dégoté au dernier moment. Non, à la place, son programme était tout trouvé : il était de garde. Au moins, il n’aurait pas besoin de trouver une excuse. Mais il n’avait pas prévu la tournure qu’avaient pris les évènements. Il n’avait pas prévu la foule de gens débarquant aux urgences en panique. Que tous ces trucs étranges se passent en ville, ramenant des tas de blessés, paniqués. Des blessures inédites, que tout le monde avait du mal à comprendre, et à savoir comment gérer, même au sein des équipes les plus performantes de l’hôpital.
L’origine de tout cela ? Les Pokémons. Cela n’étonna pas Evain, qui marmonna toute la soirée des injures destinés à tous les Pokémons anonymes errant dans les alentours, terrorisant la ville. Les saletés de sales bêtes. Elles n’apportaient décidément rien de bon, rien du tout !

C’était ce qu’il continuait de pester à voix basse, même en allant prendre sa pause, tant attendue. Se dirigeant presque instinctivement vers le distributeur. Son endroit fétiche dans cet hôpital, l’endroit où il passait toutes ses pauses, ou presque. Se réfugiant dans les sucreries et autres chocolateries, les préférant à l’habituel mélange café-clope de ses collègues.

Sauf qu’en ce soir de fête et de bizarreries en tous genres, le distributeur de boissons et barres chocolatées est accaparés par patients et autres, tous désireux de mettre la main sur une sucrerie. Accablé par cette constatation, la mine renfrognée d’Evain ne fait que s’accentuer, tellement qu’il se dépêche de prendre la première confiserie qui attire son regard, et commencer à s’éloigner de là. Au passage, il manqua même de percuter un jeune homme. Un peu étrange, qui n’avait pas vraiment l’air d’être un patient blessé… Il fixa un bref instant le garçon brun, avant de commencer à s’éloigner.

Et c’est à ce moment-là, les lumières se sont éteintes. Comme ça, d’un coup. Evain se figea, les doigts crispés sur sa barre chocolatée. Et merde. Il ne manquait plus que cela. Une coupure de courant. Il ne pouvait rien avoir de pire à cet instant. Il grimaça, extirpant de sa poche sa mini-lampe. Celle qui lui servait à regarder le fond de la gorge de ses clients, ou d’autres trucs du genre. Illuminant juste ce qui se trouvait sur son nez. C’était à dire… le type qu’il avait trouvé étrange, quelques instants auparavant. Il soupira, fixant l’inconnu qu’il éblouissait légèrement avec sa pauvre loupiote.

L’aider à quoi ? Il ne savait pas lui-même. Gérer la panique qui commençait à s’immiscer dans la salle d’attente ? A trouver l’un de ses collègues pour trouver comment régler ce truc bizarre ? Juste… L’aider à ne pas céder à la peur comme les patients effrayés ? Trop de possibilités ! En tout cas, la seule chose qui était certaine… C’était qu’il fallait faire quelque chose. Evain avait un mauvais pressentiment. De ceux qui prennent aux tripes, et qui vous crie que cette histoire va mal se terminer...