Regardez-ça… Des caméras partout, des flashs, des cris, des klaxons, on se serait cru sur le tapis rouge de n’importe quels Awards… Seulement, l’ambiance en était bien loin. Des larmes, des visages figés, les forces de l’ordre ordonnaient aux gens de reculer, et cette odeur, étrange, prenante et dégueulasse… Celle de la chair brulée.

Ce mardi 2 décembre 2014, l’information est tombée, aussi violente qu’elle aura pu l’être, aux journaux télévisés, « flash spécial, on nous annonce la mort d’une enfant dans les alentours de Sonora, en Californie. D’après les autorités sur place, il s’agirait du résultat d’une confrontation entre la fillette et son Pokémon… » Il n’en fallu pas plus au monde pour s’indigner. Sans doute cela aurait-il été différent si ce n’avait pas été une enfant, si ça avait été un adulte en pleine possession de ses moyens et conscient qu’il jouait – littéralement – avec le feu. Mais il n’en fut rien. Les protestations se déversèrent en quelques jours, partout dans le monde, en l’honneur de la petite Elsa. C’est hallucinant comme nous, les êtres humains, savons nous entendre pour faire la guerre et pour s’allier dans la violence, comme quoi, nous faisons preuve de mauvaise foi à ne pas savoir s’unir dans la paix, mais là n’est pas le sujet. Les manifestations anti-Pokémons se sont beaucoup renforcées, jusqu’à en venir à des affrontements entre les manifestants et la police, et partout, on notait une forte recrudescence des effectifs de celui qu’on appelle aujourd’hui officiellement « les Ligues Solem », même si, entre nous, tout le monde a une vague idée de ce qui se cache derrière ce nom un peu pompeux.

« Le monde traverse une crise, une crise sans précédent. Nous avons pu éradiquer des populations parce que leurs têtes ne nous revenaient pas, mais n’en venons pas à éradiquer des centaines d’espèces sous prétexte qu’il y a eu un accident une fois, imaginez si nous devions assassiner toute une race de chien à chaque fois que l’un d’entre eux mord ? » Le discours des défenseurs des Pokémons était toujours aussi virulent, violent, certes une enfant était morte, mais combien de Pokémons avaient donné leur vie dans les souterrains de Sacramento, pendant les entrainements de la « pseudo-Ligue Solem » ? Et les rumeurs coururent plus vite encore que les informations, merci Internet, sur les agissements de Solem, pas toujours fondées, à vrai dire, mais l’intention était là : c’était la guerre des médias.