Prendre un nouveau départ.

Ce n'est pas facile de passer à autre chose. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver à changer de voie après tant d'années. Devoir faire le trie dans ma vie et recommencer. Face à moi, des tonnes de cartons étaient dispersés dans le salon... Ou je devrais dire, la pièce qui me servait de séjour autrefois. Chassant mes idées noires, je me mis enfin au travail.

Dans le premier carton, je décidai d'y mettre les affaires fragiles qui risquaient de se casser durant le voyage. La vaisselle, les miroirs, les vases en porcelaine... Des choses dont j'avais oublié l'existence et des cadres photos.
Je me stoppai devant l'étagère où étaient posés ces photos pleines de bons souvenirs. Nostalgique, j'attrapai une photo d'un enfant posant fièrement en compagnie d'un gros golden retriever et un T-shirt de son équipe de base-ball préféré. J'avais quel âge sur cette photo ? 8 ? 10 ans ? Ça remontait à tellement longtemps... C'était le jour où j'avais vu mon premier match. J'étais tellement surexcité que c'était la première fois que mes parent avait dû voir leur fils aussi instable.  J'ai toujours été un enfant calme qui ne posait pas de problèmes. Je me rappelle qu'à l'école, lors de la remise des bulletins j'avais toujours cette remarque : «  La prochaine fois essaye de faire une connerie pour que je n'ai pas à me déplacer pour rien... ». Je viens d'une famille de militaire, ça fait toujours sourire lorsque je dis ça. Un gringalet comme moi ? Oui c'est possible. Je suis un rat de bibliothèque et j'ai la nausée du sport mais à part ça j'adorais ma famille. Ils ne m'ont jamais reproché d'être différent. Sauf mon cousin qui me martyrisait, mais il faisait 20 kilos de plus que moi ! C'était pas du jeu.

Je rangeai soigneusement les cadres dans le papier bulle lorsque je tombai sur la photo de ma remise de diplôme. Pour moi cette photo représentait la réussite, la vie actif, le début du changement ! Quelle perte de temps... Tant d'années de rêve parti en fumée... J'ai fait des études de littérature pour devenir professeur. Enseigner, être en contact avec les jeunes, voilà où était ma place ! Je n'imaginais pas d'autre solution.

Je scotchai le carton et partis en direction de mon bureau. j'avais disposé toutes mes affaires par terre pour que ça soit plus facile de faire le trie. Je pris un nouveau carton et commençai à y ranger mes affaires.
J'hésitai longtemps à y mettre tous mes cours de littérature que j'avais soigneusement préparé durant ma brève vie de professeur. Je n'en aurais plus besoin désormais comme j'ai été licencié du jour au lendemain suite à des suppressions de postes. J'ai été anéanti. Comment il peut m’arriver ça à moi ? Je n'ai jamais connu l’échec, je me suis toujours battu pour avoir ce que je veux et maintenant me voilà a u point de départ. Foutaise...

Je mis tous ça dans un sac plastique que je balançai dans l'entrée. Autant laisser les mauvais souvenirs là où ils doivent être. Ce n'était plus mon problème désormais.
Un bruit de chute me fit faire volte-face. Derrière moi, un gros carton vide était renversé et un evoli se releva précipitamment ne voulant pas que je remarque sa bêtise. Je pouffai de rire et le pokémon vexé se cacha derrière le carton.

C'est elle qui m'a aidé à reprendre ma vie en main. Lorsque les pokémons sont apparus, j'avoue ne pas m'être trop intéressé à eux. J'ai surtout été impressionné  par leurs nombres, mais voyant qu'ils n'étaient pas méchant, je me suis vite habitué.  J'avais d'autres choses à penser. Mais lorsque je vis l'ampleur et leur popularité, je m'étonnais d'être quelque peu fasciné par ces nouveaux arrivants. Mais l'idée de faire combattre ces créatures ne me plaisait pas. Je trouvais ça totalement barbare et insensé.    
Un soir alors que je rentrais de l'université, je surpris deux chiens errant maltraiter une créature de la taille d'un chat qui semblait totalement terrorisée. Je réussis à les faire fuir en donnant un coup de klaxon mais cela fit aussi peur au pokémon qui se cacha dans les buissons près de chez moi. Les chiens avaient en battu retraite et j'étais rentré chez moi sans me poser de questions. Le lendemain, ce même pokémon avait presque finit sous mes roues. Il avait surgit de nulle part sur la route mais je pus freiner à temps. Cette boule de poil ayant eu plus peur que moi se précipita une nouvelle fois dans les buissons. Ce pokémon n'allait pas vivre longtemps vu à quel point elle ne connaissait pas le danger. Durant cette journée, je pensais qu'à ce pokémon. Ça me faisait de la peine de le voir aussi déboussolé.
Dés que je rentrais du travail je m'étais mis à sa recherche. Je le retrouvai facilement caché sous ce même buisson m'observant de ses grands yeux. Je tentai de le caresser mais il ne se laissa pas faire et me mordu la main. Sale bête ! L'envie de le chasser s'envola vite lorsque j'observai l'animal. Il était maigre, sale et terrorisé. Je partie chercher de quoi le nourrir et de l'eau et le disposa devant le buisson dans deux assiettes. Le pokémon ne s'en approcha pas tout de suite mais dés que j'eus le dos tourné se jeta sur les assiettes.
C'est là que démarra une grande amitié. Dés le lendemain, à peine je posai un pied dehors que le pokémon me suivait partout. Depuis j'ai adopté cette evoli dont je suis devenu totalement acro.

J'ouvris un deuxième sac plastique pour y jeter une grande partie des papiers inutiles qui traînés. J'attrapai à l'aveugle des enveloppes que je jetai mais me stoppai net et les ressortis du sac. Je n'allais quand même pas jeter ces lettres... Elles comptaient beaucoup pour moi.
Il y a 10 mois, j'ai envoyé une lettre à un vieil ami. Mais à cause d'une erreur sur l'adresse, elle avait atterri chez quelqu'un d'autre. Une femme, Autumn Sylver avec qui j'ai commencé à sympathiser à travers des lettres. Je n'aurais jamais cru qu'une relation de ce genre pouvait encore exister dans le monde d'aujourd'hui mais j'ai énormément apprécié ces échanges, me confier à quelqu'un qui n'allait pas me juger et partager mes poèmes avec quelqu'un.  On ne s'était jamais vu mais une belle amitié avait commencé. Malheureusement j'avais brutalement mis fin à cette correspondance le jour même où j'ai appris ma démission. La honte ? La lâcheté ? Je ne sais pas. Je n'avais pas le courage de lui écrire une lettre digne de ce nom. Mes phrases ne voulaient plus rien dire, la colère et la révolte m’empêchait d'écrire à nouveau. Un jour, je lui ré-écrirais mais avant il fallait que je sorte de ce trou noir. Je mis les lettres dans un carton avec le reste de mes affaires et le fermai lui aussi.

Une dizaine de cartons étaient devant l'entrée. Toutes les pièces étaient maintenant vides. Les meubles étaient déjà partis dans le camion. Mon evoli me rejoint.

- Tu es prête Evy ?

Après mon licenciement, je passai plusieurs jours à tourner en rond. Que faire maintenant ? C'est mon pokémon qui m'a donné la solution. Marre de courir de droite à gauche, marre de ne pas pouvoir s’occuper de moi et des autres. Je décidai donc de devenir éleveur de pokémon. Et je partais à Los Angeles pour réalisé mon rêve. La ville où vivait Autumn. Si je ne pouvais pas lui écrire de lettre, je voulais tout de même la rencontrer en chair et en os.