« Aller ! Artegal, arrête de faire ton frileux, elle est bonne ! Viens la tester au moins ! »
    Pourquoi on m'a donné un ours frileux ? Sincèrement ? Les pieds dans l'eau, le reste du corps en dehors, frissonnant au vent. Munis de mon splendide caleçon de bain à fleur tribale rouge sur un fond blanc, j'avais décidé de m'octroyer une journée de repos loin de la tour de com' de Sacramento. Et également – surtout – loin de ces gens malpolis et sales vous regardant de travers à chaque fois que vous leur lancez un sourire. J'avais pour habitude, lorsque j'étais petit, d'aller seul me baigner dans le lac près de mon petit village. Des bains de minuit quoi, enfin... j'étais habillé -parfois... rarement...- ! La lune était bien nette dans le ciel, ses rayons baignant ma peau dans une douceur de chaleur.
    Je me baisse alors pour éclabousser l'ourson avec ma main. Art' grogne alors en secouant la tête tout en reculant de la rive, je roule donc des yeux avant de rire.
« Fais pas l'enfant Artegal ! Tu adores les bains d'habitude... »
    Artegal grogne une nouvelle fois et pose son petit popotin sur l'herbe, croisant les pattes en tournant la tête, vexé.
« Je rêve ! Bah boude si tu veux, moi je profite ! »
    Je me retourne pour m'enfoncer doucement dans l'eau frigorifiée qui crée des petits picotements à la surface de ma peau. Ca fait un bien fou, d'être là, dans l'eau au clair de lune au milieu d'une petite forêt. Je fais quelques brasses m'éloignant du rivage et admirant l'île au loin, je me demande ce qu'il y a sur cette île... enfin bref, je me retourne pour surveiller la boule de poile. Un sourire s'annonce alors sur mes lèvres en le voyant faire des signes avec ses petites pattes parce que je m'éloignais trop. Mais quel peureux ! Je roule à nouveau des yeux -c'est un toc, pardonnez-moi – pour revenir ensuite à la terre ferme, je finis par m'agenouiller devant lui donnant un petit coup amical sur la tête. Je peux voir alors quelques perles d'eau froide dégringoler de son pelage. Artegal se reproche doucement pour grimper maladroitement sur mon épaule.
« Tu me prends pour ta bouée ? … Je te hais de toute façon ! »
    Un léger rire sort doucement de ma gorge signalant le second degré en espérant qu'il le comprenne -ou pas, je m'en fous en fait qu'on me prenne au sérieux ou non - . Je m'engouffre à nouveau dans l'eau gelée jusqu'à ce que le mouvement de l'eau caresse mes hanches et la naissance de mon abdomen. Artegal resserre doucement sa prise sur mon épaule, de peur de tomber dans ce gouffre réfrigérant. Mais une ombre me fit froncer des sourcils... quelque chose se déplaçait...
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