on the road

La route escarpée de Ravendale est un endroit assez ambigu. J’ai toujours été intriguée par le fait qu’on puisse y trouver des sources chaudes mais également d’épaisses forêts enneigées l’hiver. Comme si le paysage avec cette étrange faculté de changer dès qu’il en avait l’occasion, dès que vous tournez le dos. Mais réellement, ça, ça n’existe pas ? Ravendale. Une ville tellement touristique… Un centre-ville tellement basé sur l’exploitation des sources et du porte-monnaie des visiteurs que dès qu’on en sort, tout semble encore sauvage. Rares sont les courageux qui tentent, pour l’expérience, de s’éloigner un peu de la ville, d’essayer de voir ce qu’il y a plus loin. Et ils ratent quelque chose.

Finalement, si aujourd’hui je revenais une fois de plus dans un endroit comme cette étrange route, c’était principalement pour la même raison que celle qui m’avait fait quitter le cocon familial : ma passion pour les Pokémons et pour la science de ceux-ci. Aujourd’hui, le temps était plutôt clément, il n’y avait qu’une fine neige qui voltigeait dans les airs, et derrière ma grosse veste, je ne ressentais pas le froid. Il fallait croire qu’avec son pelage brun, Starlight ne le ressentait pas non plus. Le petit Vivaldaim marchait doucement à côté de moi, sautillant gaiement mais avec une prudence qui, chez lui, était presque maladive. Même si je n’avais toujours pas croisé d’autre membre de son espèce, je les imaginais aisément tous ainsi.

Oui, ce qui m’emmenait ici, carnet de note à la main et appareil photo autour du cou, c’était principalement ma quête pour retrouver certains membres de son espèce, quête que je maintenais depuis qu’il était entré dans ma vie, c’est-à-dire depuis déjà plus de deux ans. Quand je vous dis que je suis butée, vous savez, il faut le croire…

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Passerouge. Un pokemon relativement commun dans ce coin-ci. En faisant mes recherches en quête des Vivaldaims, j’en avais déjà vu faire leurs nids. Ils vivent dans les rochers, ils se mettent à l’abri dans les cavités pour que les œufs soient en sécurité. C’est une solution qu’utilisaient déjà beaucoup de nos oiseaux, particulièrement près des falaises. Mais, en dehors de cela, il me semble que les évolutions de Passerouge touchent l’élément feu, ce qui est, nous en conviendrons, assez inhabituel pour un oiseau. Néanmoins, cela me motivait encore plus à l’attraper.  

Starlight, mon petit Vivaldaim, me lança un regard intéressé, du fait que Passerouge n’était pas encore de type feu, cela l’effrayait sans doute un peu moins, il pouvait s’y frotter sans y perdre ses poils. Parce que oui, aussi étrange que cela puisse paraître, Vivaldaim partageait son type normal avec le type plante.

« C’est parti Starlight, attaque Charge sur Passerouge. » Du fait du peu d’expérience de mon pokemon, je savais aussi que son panel d’attaques était limité, néanmoins, je ne doutais en rien de sa motivation à prouver sa valeur, chose qu’il s’empressait de faire dès qu’on le remettait un peu en question. En effet, Starlight semblait plus rapide que son adversaire, et ainsi, j’étais persuadée que son agilité le pousserait à frapper avec sa vitalité habituelle. Car même si ce combat était une grande première pour nous deux, l’entraînement avait été rude. Autant pour apprendre ses forces que pour maîtriser ses faiblesses, les siennes, oui, mais également les miennes.

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En effet, l’efficacité de Starlight, sur ce coup, était discutable. Mais son obstination à frapper avec cette étrange vivacité me remplissait de confiance. Comment perdre foi lorsque votre Pokémon sautille partout en vous regardant, l’air de dire « compte sur moi, je te laisse pas tomber sur ce coup, on va l’attraper ! » Et puis, concrètement, je m’étais mis en tête de faire un pokédex complet et pour cela, il était nécessaire que mes articles soient un peu plus fournis. Et un peu plus nombreux. Mais j’étais déterminée à ne pas abandonner l’idée de réussir à « cataloguer » les pokemons, dans toute leur complexité et leur différence. En effet, si je ne savais pas encore grand-chose sur eux, ce dont j’étais sûre, c’était bien que deux pokemons de la même espèce avaient des personnalités bien différentes. Si les pokemons avait une apparentée, ou du moins de profondes similitudes avec nos animaux, ils avaient aussi cette compréhension et cette « conscience » qui les rapprochait également beaucoup des humains. Et c’était sans doute cela qui troublait l’éthique et l’ordre public quant à leur cause. Cause que j’étais prête à défendre.

« Vas-y Starlight, recommence, on l’aura à la longue. Fais attention à toi. » Des ordres neutres mais clairs, il avait l’habitude, je n’étais pas émotionnellement très démonstrative et lorsqu’il avait besoin d’attention, il venait la chercher tout seul, comme un grand… Daim ? Il n’hésitait d’ailleurs pas à sauter sur le lit et prendre toute la place dans l’espoir que je lui fasse un câlin. Je ne suis pas très tactile. Mais je répondais toujours à ses attentes aussi bien que je le pouvais. J’y mettais de la bonne volonté, c’est ce qui est important, non ?

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Waow. Starlight retomba sur ses pattes après avoir essuyé l’attaque de Passerouge, approchant pour me jeter un regard. Il était fier et cela se lisait aisément dans son regard. Je hochai la tête, esquissant un bref sourire. Furtif. Mais cela sembla lui suffire, visiblement avoir mon appui et mon soutien était important pour lui. Et je le comprenais, j’avais été comme cela également. Prête à tout pour la reconnaissance et l’appui de mes pairs, de mes parents, de mes professeurs. Et j’avais réalisé que je n’en avais pas besoin. Mes parents ne me voyaient pas, mes professeurs ne me prenait pas au sérieux et inutile de parler de l’avis de la communauté scientifique vis-à-vis de moi, n’est-ce pas ?

« Bien. Essaye de le toucher encore une fois et je tenterai de l’attraper. » Il fallait que je reste concentrée, et c’était assez compliqué, si vous voulez mon avis. Néanmoins, je devais absolument réussir à garder mon attention sur Passerouge et Starlight, voir s’il arrivait à le toucher et profiter de ce moment de flottement pour lui lancer une pokeball dessus. Et vous savez quoi ? Mon lancer, je l’avais beaucoup travaillé. Mon petit Vivaldaim releva les yeux vers moi, avant de hocher la tête pour me montrer qu’il avait compris l’ordre, puis il approcha de son adversaire, le jaugeant du regard, sans doute. Alors je glissais ma main dans mon sac, chassant mon carnet de note à l’intérieur pour le remplacer par une pokéball dans ma main. Oui, je pouvais l’attraper, et surtout, j’aurais des tas de choses à dire dans l’article que j’écrirais sur lui. En effet, j’avais assez croisé de Passerouge pour connaître à peu près leur façon de fonctionner, même si beaucoup de choses m’étaient encore inconnues à propos de cette espèce, comme leurs évolutions que j’avais croisées de temps en temps, mais sans plus. Ils étaient plus sauvages.